La formation, boîte à outils pour l'emploi

On n’a pas tout essayé contre le chômage car 32 milliards d’euros sont dédiés à la formation mais ils profitent en majeure partie aux « insiders » dans un système par ailleurs opaque, complexe et difficilement accessible aux moins qualifiés.

 

Se former pour ne plus chômer

Nous avons en France 2 millions de chômeurs de longue durée. Ce n’est pas une fatalité car tout le monde est employable, nos voisins suisses, allemands et britanniques en sont la cinglante preuve.

 

Il faut avoir à l’esprit que la formation est la solution, car la compétence crée l’emploi. Il faut aussi avoir en tête que ces 10 dernières années, la France a perdu un million de postes d’employés et d’ouvriers au profit des cadres et des professions intellectuelles et intermédiaires. La compétence, l’expérience, le savoir-faire sont la clef dans un marché du travail en pleine révolution, mais ils ne viennent pas seuls.

 

Mais il y a deux biais qu’il faut urgemment corriger. Les moyens de la formation, tout d’abord, ce sont 32 milliards d’euros qui sont dépensés chaque année avec la majeure partie qui profite aux « insiders ». En effet, les deux tiers (61 %) des crédits sont fléchés vers la formation des salariés du privé (13,5 milliards d’euros) et des fonctionnaires (6 milliards d’euros). Alors que comparativement les jeunes (14,4 %) et les demandeurs d’emplois (14 %) bénéficient d’un quart des moyens. Alors que ce sont eux qui devraient le plus en profiter pour retourner au travail.

Autre point noir de la formation, le système est opaque, complexe et difficilement accessible aux moins qualifiés : il existe 55 000 organismes de formation en France… contre 4 000 en Allemagne.

Réformer la formation

L’Etat doit lancer une initiative pour simplifier et coordonner les dispositifs de formation via un organe paritaire rassemblant les co-financeurs et dédié à réorienter les moyens vers les publics les plus fragiles. L’Etat pourrait prendre l’initiative de lancer un tel chantier avant une convention nationale qui avancerait vers cet objectif, en mettant autour de la table les entreprises, principaux financeurs, les régions, l’Unedic et pôle emploi. Sa première mission : élaborer des propositions pour un rééquilibrage des moyens en faveur des décrocheurs et des chômeurs de longue durée, et mettre en place un mécanisme incitant les organismes de formation à viser d’abord l’employabilité, avant la rentabilité.

 

 

 

Autre solution pour permettre aux adultes en situation de chômage de longue durée de trouver un emploi et de contribuer à la création de valeur : la formation continue. On a tendance à l’associer au développement des compétences des travailleurs qualifiés. Mais elle peut être convertie en moyen complémentaire pour accompagner le retour vers l’emploi des moins qualifiés ou de celles et ceux qui doivent se reconvertir et apprendre un nouveau métier. Les moyens dédiés à la formation de 500 000 demandeurs d’emplois supplémentaires décidée en 2016 peuvent y contribuer La formule est simple : au bout d’un contrat, un autre contrat. Pour y parvenir, il est nécessaire de compléter les emplois aidés par des programmes de suivi permettant de pérenniser l’emploi. Enfin, le renforcement du volet formation des emplois d’avenir doit pouvoir se faire avec le concours de l’alternance dont je précise dans le livre l’intérêt d’une nouvelle ambition.

 

Former les jeunes chômeurs et décrocheurs

Enrayer l’hémorragie des 150 000 jeunes qui quittent le système scolaire sans diplôme doit être une priorité pour l’Education nationale. Il faut redonner une chance de formation à ces publics. A commencer par les plus jeunes. J’avance diverses pistes dans le livre, dont voici quelques  exemples :

 

·      Animer des réseaux d’écoles qui offriront des formations spécifiques aux personnes sans qualification, à l’image de ce qui se fait aux Etats-Unis ou bien dans les pays du Nord de l’Europe, et dans certains territoires en France comme la « webacadémie » (en France, seulement 25 000 places sont offertes par ce type de dispositifs. La marge de progression est immense).

 

·  Le modèle du National Guard Youth Challenge né aux Etats-Unis. Ce programme de la Garde nationale américaine consiste à offrir aux jeunes décrocheurs de 16 à 18 ans le bagage civique, éducatif et l’autodiscipline nécessaire pour réussir dans la vie. 72% des élèves obtiennent à l’issue l’équivalent du baccalauréat Ils sont 7% de plus à trouver un job par rapport aux jeunes « décrocheurs »…

 

·     Sur un plan plus « civil », le modèle des Folk Schools mis en place en Suède peut inspirer la mise en place d’« écoles de la deuxième chance 2.0 ». Une nouvelle génération d’écoles qui permette aux décrocheurs d’obtenir un certificat équivalent au baccalauréat. On arrête avec l’éducation prioritaire, mais on crée des internats avec 10 à 15 élèves par classe avec un objectif : diplôme et job à la clef.

 

·     Donner aux régions et à Pôle emploi qui sont les mieux placés pour agir des moyens supplémentaires pour concevoir pour les personnes sans qualification au chômage des volets de formations diplomantes généralistes, et pas seulement spécialisées, de remise à niveau au stade qui leur permettront d’être agiles en entreprise, ou agiles tout simplement dans la vie