Enrichir en emplois la croissance des entreprises

Accélérer la création d’emplois des entreprises en banlieue comme solution au chômage n’est pas une idée nouvelle. Mais quels sont nos outils ? D’abord l’accompagnement en qualité avec le parrainage massif de chefs d'entreprises par des pairs.

 

Les inégalités nous affectent tous

Selon le scénario médian d’une étude de France Stratégie[1], le coût des seules inégalités d’accès à l’emploi et aux postes qualifiés s’élèverait à 150 milliards d’euros, soit 7 % du PIB ! Le sur-chômage (entendez par là un taux de chômage largement supérieur à la moyenne nationale dans certains territoires), la perte d’activité, le gâchis de qualifications et les préjugés portant sur l’origine géographique d’habitants des banlieues ou d’enfants d’immigrés, qui ne sont justifiés par aucune variable objective, créent une situation d’inégalité et d’écarts en termes de taux d’emploi. Et ces inégalités sont une entorse majeure à la croissance économique de la France, à notre taux de croissance « structurelle », celui qui nous assure chaque année de créer plus de richesses, plus d’emplois, plus de cohésion.

 



[1] « Le coût économique des discriminations », septembre 2015

 

Assister c’est le degré zéro de l’action publique

Le RMI qui a donné le RSA était à l’origine un filet de sécurité conçu pour environ 300 000 personnes en situation d’extrême précarité.

 

Aujourd’hui, son efficacité est doublement critiquable, non seulement au titre de son montant qui n’atteint que la moitié du seuil de pauvreté, et au titre du nombre croissant d’allocataires avec 2,5 millions de personnes de bénéficiaires en 2017. La crise a aggravé la situation car elle a entraîné une perte sèche de revenus pour des centaines de milliers de Français parmi les plus fragiles. Le nombre d’allocataires a crû de 35 % depuis 2018. On le sent bien tous, la solution n’est pas là !

 

 

 

Accompagner les entreprises des ZUS par la qualité

Personne n’a de baguette magique pour créer des jobs mais on n’a pas tout essayé. Les taux de chômage dans les ZUS continuent de progresser parce qu’on a baissé les bras. Celui des jeunes se stabilise quant à lui à un niveau très élevé, à plus de 40 % en 2011, contre 21,6 % dans les unités urbaines environnantes. On a l’impression qu’on a atteint un plafond. Et la part des jeunes résidents des Zus qui ne sont ni en emploi, ni au chômage, ni en formation – donc ceux qui sont complètement sortis des radars économiques et sociaux – demeure significative, avec 11,1 % en 2011, contre 5,4 % dans des unités urbaines environnantes. C’est pour le moins assez spectaculaire.

Des mesures de bon sens et de court terme doivent être prises pour l’emploi dans les territoires fragiles. Pas en décrétant de nouveaux jobs, mais en se basant sur l’inclusion des entreprises et leur croissance. D’abord avec une mission dédiée à briser les îlots de discrimination à l’emploi et à l’accès au crédit et aux réseaux d’accompagnement. La nouvelle agence « France Entrepreneur » pourrait être équipée pour y parvenir. Il faut investir et accompagner les créateurs dans les territoires fragiles. D’abord en assurant la survie des entreprises, notamment des TPE qui y sont créées car les banlieues voient naître deux fois plus d’entreprises que la moyenne nationale (550 000 chaque année). Là où le bât blesse, c’est qu’elles meurent deux fois plus vite après trois ans d’activité. L’opportunité, c’est que ces créateurs d’entreprises n’ont pas besoin que d’argent mais aussi de « coachs  ». Ils sont seulement 3 à 4 % des créateurs à être accompagnés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Il faut faire grimper ce taux, car il est comparativement de 30 à 40 % au niveau national. Il devrait être au moins de 50 % dans les banlieues. L’État, avec le concours  des régions et des chambres consulaires, doit organiser le parrainage massif de chefs d’entreprises ayant réussi. L’accompagnement humain est difficile à résumer et à quantifier. C’est justement en cela qu’il a une immense valeur. Il apporte ce supplément de moyens moraux et matériels nécessaires pour diminuer les taux d’échecs, qui touche par ailleurs autant les « quartiers » que les porteurs de projets et entrepreneurs de nos campagnes. Enfin, il est urgent de briser la mauvaise image dont souffrent les quartiers populaires notamment aux yeux des investisseurs. Investir en banlieue, c’est lucratif ! L’Agence France Entrepreneur et ses partenaires peut mener des campagnes de communication en ce sens, et systématiser sa présence dans un réseau de guichets. En parallèle, en lien avec les régions, l’État doit généraliser les zones d’activité aménagées et équipées et les pépinières d’entreprises permettant de relocaliser les activités et la valeur ajoutée dans les territoires fragiles.