Un ministère de plein exercice

Préalable à tout changement tangible, il est nécessaire d'ouvrir un chapitre politique pour les banlieues.

 

C’est un héritage étrange de la Ve République que les banlieues n’aient pas d’élus qui puissent représenter cet « archipel urbain ». Le destin de la banlieue est donc lié à la conversion à une nouvelle doctrine de la représentation des territoires. Il faut d’abord inscrire les banlieues dans la Constitution pour qu'elle fasse partie des affaires réservées du président de la République, au même titre que les Affaires étrangères. Elles en disparaîtront dès lors qu’elles ne seront plus un enjeu national. Un ministre de plein exercice à l’instar du ministre des Outre-mer[1] en sera responsable devant la Nation.

 

Cinq ans pour renverser la table avec des actions concrètes et ciblées. C'est la mission que pourra se fixer un ministère de plein exercice pour le développement des banlieues. Avec cinq priorités, sur cinq ans, et cinq milliards d’euros de budget, ou ce que j'ai appelé la règle des « Trois Cinq ». Alors que depuis le « plan banlieue » de Jacques Barrot (1977) au plan Borloo, 90 milliards d’euros ont été investis dans la « Politique de la ville », qui peut dire que les choses ont changé en bien ? La "Politique de la ville" est inefficace si on en juge par les résultats. Saupoudrage avéré et incohérence souvent d’une politique épinglée à plusieurs reprises par la Cour des comptes[2].

 

Préparer l’après ANRU, c’est s’attaquer à la dimension économique et sociale des banlieues avec un ministère de plein exercice qui devra s'atteler à cinq chantiers : l’éducation, d’abord civique pour le réenchantement de la République, ainsi que la lutte contre l’échec scolaire ; la culture, encore et toujours, ferment de notre fraternité ; l’emploi avec l’enrichissement en emplois du développement des entreprises ; la formation avec un volet jeunesse et la réorientation des moyens et la formation tout au long de la vie ; le « droit à la ville »  enfin qui comprend l’urbanisme, le logement et les mobilités, et aussi et surtout un volet sur la démocratie et la proximité pour instaurer de nouveaux modèles de participation. Financer ce plan nécessite un budget de 5 milliards d’euros[3]. Les moyens nouveaux sont finançables avec une augmentation de 0,5 point de la contribution sociale généralisée (CSG)[4].

 

 

 



[1] A l’instar du Ministère des Outre-mer, il devra mener des missions d’intervention dans le domaine du logement social et de l’insertion des jeunes, étendues à l’économie, à la culture et aux politiques de l’emploi.

[2] Rapport de la Cour des comptes sur la politique de la Ville : des efforts à poursuivre, février 2016, dont les recommandations sont restées pour moitié lettre morte et qui relève « un effort de mobilisation insuffisant ».

[3] La politique de la ville, c’est 450 M€, soit 0,1% du budget de l’Etat (380 Mds d’euros), ou bien encore la moitié du budget de la métropole du Grand Dijon… minuscule pot commun extrêmement éclaté et peu lisible.

[4] La politique de la ville, c’est 450 M€, soit 0,1% du budget de l’Etat (380 Mds d’euros), ou bien encore la moitié du budget de la métropole du Grand Dijon… minuscule pot commun extrêmement éclaté et peu lisible.